mercredi, janvier 12, 2005

Jour 4

Nouveau jour, nouvelle opportunité !
Nous allons essayer de sortir des sentiers battus.

Nous avons vus précédemment que l’échec pouvait se cacher dans un quotidien ordinaire.
Il peut cependant se retrouver également dans des situations plus atypiques.

Lançons nous donc sur des chemins moins balisés et dès lors plus risqués…

Me promenant dans mon quartier, nez au vent prêt à bondir sur la moindre fuite de gaz ou autre combustible volatil inflammable, je remarque, grâce à mon regard affûté par 30 ans de myopie, un espace totalement vierge de 37,5 centimètres de large, coincé entre une porte cochère et un horodateur (le hasard a la décence de toujours faire mal les choses et je vous le prouverais plus bas).

L’occasion est trop belle !
Si nous essayions de louper la réalisation d’un trompe l’œil en extérieur.

Quoi de plus facile me direz vous, il suffit de ne pas être un expert dans le maniement du crayon et du pinceau, voir même d’être manchot, et de pondre une œuvre exécrable de médiocrité.

Que nenni, cela serait beaucoup trop aisé et donc sans saveur.
Partons donc du postulat que nous disposons de nos deux mains, et d’une expérience certaine en peinture sur revêtement délicat.

C’est en prenant en compte ces dernières considérations que notre but pourra être atteint.

Difficulté additionnelle, le choix du sujet à représenter.
Les trompes l’œil réussis représentent souvent une végétation luxuriante ou de jolis vraies fausses fenêtres ouvertes sur de faux vrais paysages.
Nous prendrons donc à rebrousse poil les conventions et choisirons la reproduction d’une entité physique, dans le but de nous attirer les foudres du SNTO (Syndicat National du Trompe l’Oeil).

Un personnage soit, mais lequel ?
Plus qu’un personnage nous cherchons une personnalité !
Plongeons nous quelques instants dans le symbolisme urbain, et nous apparaît tel une évidence la figure emblématique à la quelle nous aspirons : la Contractuelle !

Une exemple historique pour les moins inspirés:


photo contractuelle….


Je préfère être didactique, car la double dénomination de la profession ciblée aurait pu en amener certains à transformer mon quartier en une réplique de l’étal de mon primeur avec ceci:


…photo non contractuelle...


Un sondage, qui si il avait été réalisé, aurait pu paraître dans un magazine sérieux tel feu "Infos du Monde" et nous aurait sans doute démontré que la professionnelle susnommée était l’une des moins appréciées du lectorat non représentatif (et c'est bien dommage) de ce journal.

Notre réflexion n’aura donc pas été vaine, et notre sélection se révèle finalement excellente.

L’hommage ainsi rendu à une profession tant décriée provoquera à coup sûr les huées des deux ou trois pèlerins qui tomberont par inadvertance sur notre ouvrage.

Se rappelle à notre bon souvenir notre ami le hasard qui a placé un horodateur à proximité de notre chantier.
Ce dernier ajoutera, une touche humoristique affligeante à notre projet.

Si la providence s’en mêle, elle saura, avec l’aide des services de la voierie, déverser quelques poubelles devant notre réalisation, et achever de créer une ambiance d’insuccès autour de notre production.

Dernière touche à apporter à notre trompe l’oeil, le surmonter d’un panneau d’interdiction de le regarder en précisant, pour les fraudeurs invétérés, que cette interdiction est valable de jour comme de nuit.

Tel le gâteau sur la cerise, cette affichette parachèvera le tableau lamentable ainsi créé :


…photo trompeusement contractuelle.


Pour les plus sceptiques (veinards qu'ils sont), ce chef-d'oeuvre des temps modernes a pris place (celle qui n’aurait jamais du lui revenir) sur la façade du 29 rue Bayen dans le 17em arrondissement de Paris à proximité de la FNAC Etoile.

Dernier conseil, surtout négligeons d’apposer notre signature au bas du travail accompli, elle pourrait passer pour l’expression déplorable d’un désir de début de reconnaissance qui entacherait quelque peu la réussite de notre échec.